Le gouvernement veut mettre de l’ordre dans le marché local du ciment. Raison pour laquelle, il a instauré la signature d’un contrat-programme avant toute importation du ciment gris.
Désormais, l’importation du ciment gris en République démocratique du Congo (RDC) sera conditionnée par la détention d’un contrat-programme. La décision a été annoncée, le 17 août, par le ministre de l’Economie nationale, Modeste Bahati Lukwebo.
Selon le ministre, ledit contrat devra être signé entre l’opérateur économique intéressé par l’activité et un représentant de son ministère.
Bahati Lukwebo a expliqué les motivations de la nouvelle mesure. Celle-ci a été prise, a-t-il précisé, pour lutter contre la fraude sur les importations du ciment gris. Pour lui, cette fraude préjudicie le climat des affaires et l’essor économique du pays.
Selon les chiffres officiels dont dispose le ministère de l’Economie nationale, le besoin en ciment gris en RDC est estimé à environ 3 millions de tonnes par an. Quant à la production locale annuelle, elle ne dépasse pas 500 000 tonnes. Une production essentiellement assurée par la Cimenterie de Lukala (Cilu). L’autre cimenterie locale, la Cinat, est à l’arrêt depuis 2008. Pour combler ce grand écart, plusieurs partenariats public-privé ont été signés parmi lesquels, le projet PPC Barnet et Sinoma ainsi que CIMKO. Chacune de ces entreprises indique avoir la capacité de produire 1 000 tonnes par an.
Après les élections de 2006, le gouvernement avait décidé d’exonérer les importations du ciment gris pour soutenir le programme de construction des infrastructures connu sous l’appellation «Cinq chantiers de la République». Modeste Bahati affirme que certaines entreprises ont profité de ces exonérations pour importer du ciment destiné à la commercialisation.
« Après enquête, nous avons remarqué que certaines sociétés se livrent à la fraude intellectuelle. Elles prétendent importer du ciment destiné aux chantiers exonérés en vertu du code des investissements ou de certaines conventions particulières. Mais en réalité, au lieu de se contenter d’importer le ciment destiné auxdits chantiers, ils en ajoutent, et en grande quantité, qui est mis en consommation sans pour autant payer la fiscalité et la parafiscalité », déplore le ministre.
Sur le marché local, le ciment exonéré coûte moins cher par rapport à celui produit localement. Ce qui, selon certains observateurs, complique la tâche des producteurs locaux, soumis à la fiscalité aux divers impôts et taxes. La production locale du ciment pâtit donc de ces importateurs qui proposent des prix plus bas que leurs concurrents congolais. En plus des importateurs qui profitent des exonérations, d’autres font passer leurs marchandises- du ciment notamment- par le marché de Lufu à la frontière de l’Angola sans payer la douane. « Il s’observe une fraude massive du ciment qui entre dans le pays sans payer les droits dus à l’Etat. Il est vrai que Lufu constitue un casse-tête pour l’économie congolaise », a fait remarquer Modeste Bahati.
No comments:
Post a Comment