Le gouvernement libéral veut « évacuer » rapidement « toute incertitude » sur l’avenir du projet de cimenterie à Port-Daniel. Le leader du gouvernement, Jean-Marc Fournier, veillera à assurer l’adoption du projet de loi 37 avant l’ajournement des travaux parlementaires, le vendredi 12 juin, a appris Le Devoir.
Les élus ont achevé lundi l’étude détaillée du projet de loi consistant à « confirmer »l’« interprétation » du Parti libéral du Québec et du Parti québécois selon laquelle le projet de Ciment McInnis est dispensé de l’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) puisqu’il a été présenté une première fois avant l’entrée en vigueur de la nouvelle version de la Loi sur la qualité de l’environnement.
« La Gaspésie a été déçue souvent. On n’a pas le droit de manquer notre coup. On prend des mesures de prudence pour que les marchés financiers continuent d’être présents », a déclaré le ministre de l’Économie, Jacques Daoust, en commission parlementaire lundi.
À plein régime, la cimenterie de Ciment McInnis émettra plus de 1,75 million de tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année. Elle sera à l’origine de 2 % des émissions de GES totales du Québec.
Le « projet le plus polluant de l’histoire du Québec » échappera à la moindre évaluation environnementale indépendante, a dénoncé le député caquiste Simon Jolin-Barrette. « On demande un BAPE quand ça nous tente. Quand ça ne nous tente pas, quand il y a des votes à acheter, on ne demande pas d’autorisation environnementale », a-t-il lancé.
« On manque de projets »
M. Jolin-Barrette a aussi écorché la décision d’injecter pas moins de « 450 millions d’argent public » afin de créer quelque 200 emplois. « Le gouvernement aurait dû faire mieux », a-t-il dit.
Au Québec, « on ne manque pas d’argent, on manque de projets », a rétorqué le ministre Daoust, mettant au défi l’élu caquiste de « trouver un autre projet ». « On va peut-être lefaire aussi. »
En adoptant le projet de loi 37, les élus de l’Assemblée nationale tueront dans l’oeuf toute tentative de Lafarge Canada — un « concurrent » de Ciment McInnis — de faire échouer le projet de cimenterie à Port-Daniel au moyen d’interminables procédures judiciaires.
Lafarge Canada entendait faire invalider par la Cour supérieure le certificat d’autorisation octroyé par le ministère de l’Environnement au projet decimenterie à Port-Daniel-Gascons. Le tribunal a reporté l’audition au mérite de son recours, dont le coup d’envoi était fixé au lundi 2 mars, au lendemain du dépôt du projet de loi 37.
L’adoption du projet de loi 37 constituerait un pied de nez au principe de l’État de droit, selon la Coalition avenir Québec. « On a choisi de vivre dans un État de droit. Ici, le politique intervient directement dans la job des tribunaux », a déploré M. Jolin-Barrette. Qui plus est, il s’agit d’un « mauvais projet » économique et environnemental, a-t-il martelé.
La « multinationale étrangère » Lafarge « a un procédé plus polluant à la tonne que la nouvelle entreprise », Ciment McInnis, a fait remarquer M. Daoust. « Je suis passé à Saint-Constant [où se trouvent ses installations] en fin de semaine et je n’ai pas vu d’oiseaux malades », a-t-il souligné.
Ciment McInnis pilote le « projet de développement économique le plus important de l’histoire de la Gaspésie », a fait valoir pour sa part le député de Bonaventure, Sylvain Roy. L’élu péquiste s’en est pris lundi à tous ceux qui ont une « vision passéiste, folklorique, moyenâgeuse de ce que sont les régions, de ce qu’est la Gaspésie » en dépeignant ses résidants comme « des gens qui ne veulent vivre que de chasse et de pêche ». « On veut vivre aussi de la modernité ou de la postmodernité pour certains théoriciens. On veut vivre aussi d’un essor industriel. On y a droit », a soutenu l’élu péquiste.
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