Considérée jusqu’à ces dernières années comme une industrie très polluante, la cimenterie marocaine veut résolument se dépêtrer de cette étiquette. Les différents chantiers, menés par les ténors du secteur, sont autant d’actions pour reléguer aux oubliettes l’image de localités enfouies dans des déjections et des nuages de poussière.
L’industrie cimentière, à l’assaut de la pollution.
Il est admis que la fabrication du ciment, importante source de gaz à effet de serre, produit beaucoup de gaz carbonique (CO2) et des millions de tonnes de poussière chaque année à travers le monde. Il est utile de rappeler que le ciment, élément indispensable dans le bâtiment et les travaux publics (BTP), est un liant hydraulique, généralement sous forme de matière inorganique finement moulue. C’est aussi un constituant de base du béton. En outre, plusieurs métiers lui sont associés pour produire béton et granulats, de la chaux ou du plâtre. Vu sous cet angle, d‘aucuns l’assimilent à un mal nécessaire.
Solutions éprouvées
Au Maroc, où les ténors sont l’Office Chérifien des Phosphates (OCP), Lafarge Maroc, Holcim Maroc, Ciments du Maroc du groupe Italcementi, c’est la même industrie qui est développée. Toutefois, il apparaît un effort d’ensemble afin que les cas de villes telles que Khouribga, Youssoufia, où tout était couvert de poussière, soient complètement révolus. En effet, signataire dès 1997 de la Charte de l’environnement, l’industrie cimentière marocaine s’est engagée à réduire sa consommation d’énergie d’origine fossile sans générer de transfert de pollution, répète-t-on à l’envi à l’APC (Association professionnelle des cimentiers du Maroc). Aussi, on ne peut leur enlever le fait que le ciment soit le premier produit certifié au Maroc. D’ailleurs, sa normalisation remonte à 1974, avec la création de la norme marocaine, NM 10.1.004, concernant les liants hydrauliques, leur composition, leurs spécifications et leurs critères de conformité. Depuis, avec un benchmarking quasi-continu, le secteur adopte des solutions éprouvées dans le monde, notamment une production de ciment mangeur de pollution, le recyclage et la valorisation des déchets (co-incinération de pneus, d’huiles usagées).
Au-delà du recyclé
Plus récemment, Holcim a récompensé, avec ses Holcim Awards, les constructions qui privilégient le développement durable (prix de 2 millions $ à l’architecte marocaine Aziza Chaouni et à l’urbaniste japonaise Takako Tajima). Lafarge, qui défend une utilisation de clinker bas carbone, a mis en route une nouvelle ligne de production sur son site de Tétouan, alimenté à l’énergie éolienne. Ciments du Maroc a engagé une certification ISO 14001 (toujours en cours).
Dans tous les cas, il est vrai qu’aux usines Holcim (production de ciment) et de Lafarge (plâtres), il n’y a pas de poussière, les matières moulues ou poudreuses étant aspergées d’eau.
Un devoir, une responsabilité
Pourtant, ces dernières années, l’industrie du ciment a connu des investissements sans précédents, atteignant plus de 17 milliards DH à fin 2011 (Asment Témara, Ciments du Maroc, Holcim et Lafarge Maroc), comprenant ceux à même de réaliser des performances environnementales en ligne avec les standards internationaux. Le cap des 10 millions de tonnes de ciment a été dépassé depuis 2005. Et les prévisions de la consommation en 2010, timides au début de l’année, avec à peine +1,1%, comparativement aux 17,6 millions de tonnes en 2009, seront sûrement dépassées. Avec le plan de relance des logements sociaux et la crise qui s’estompe tant bien que mal, jusqu’à créer une pénurie de ciment dans les villes de Fès, Casablanca, Rabat, Settat et Agadir à la mi-avril, les 18,2 millions de tonnes risquent d’être allègrement dépassées. Des observateurs avancent qu’un tel niveau de consommation implique des engagements d’égale importance, avec ou sans le soutien des pouvoirs publics. Fort heureusement, certains industriels, soucieux de la santé des populations, vont même jusqu’à rendre compte de leurs actions. Depuis 2001, un cimentier de la place publie un rapport de développement durable. D’autres établissements nouent des partenariats avec WWF sur les sujets environnementaux, et avec Responsible Care sur les questions de santé dans les pays en voie de développement.
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