Samedi dernier, l'association Respire, avec Nature Environnement 17 et le collectif "Non à l'usine Holcim", organisait une manifestation à La Rochelle contre le projet du cimentier.
C'est sur la musique de la série télévisée Mission Impossible que le cortège des manifestants, réuni à l'initiative de l'association Respire, avec Nature Environnement 17 et le collectif "Non à l'usine Holcim du port de La Rochelle", s'est ébranlé de la place Verdun en direction de la préfecture, après une halte dans la cour de l'Hôtel de ville. À sa tête, la présidente de l'association, le docteur Chayoux, son vice-président, Raymond Bozier, ainsi que Patrice Raffarin et Léon Gendre, respectivement maire de Rivedoux et maire de La Flotte, avec leur écharpe tricolore. Vêtus de gilets jaunes et équipés de pancartes qui attaquent Holcim, Picoty ou Maxime Bono, les presque 300 manifestants ont défilé dans une ambiance bon enfant. Mais la colère était perceptible dans les propos des uns et des autres.
Pour Renaud Pernet, habitant de Sainte-Marie-de-Ré, ce centre de broyage du cimentier Holcim n'apportera rien, ni en termes d'activités, ni en termes d'emplois. "On n'en a pas du tout besoin. Ce projet n'est qu'une histoire de gros sous et de financiers. Pour Picoty, c'est pareil. En attendant, ce sont les Rétais et les Rochelais qui vont pâtir de la pollution générée par ce site. Pis encore, ce centre est un scandale, car il est trop proche des habitations de La Pallice. C'est une aberration totale."
Même son de cloche du côté, justement, des riverains de La Pallice. "Il faut à tout prix éloigner ce type d'usine de nos maisons. Nous sommes inquiets, car nous n'avons pas été informés de ce projet. Derrière Holcim, qu'est-ce qu'il va y avoir. Il y a 35 hectares à aménager sur le front de mer. Que vont-ils y faire ? Nous sommes très inquiets. Nous espérons que, cette fois-ci, non seulement nous serons tenus informés, mais aussi concertés sur le devenir du site", explique Pascal Belard, de La Pallice.
Les risques non mesurés
Les risques de pollution et l'extension de la zone Seveso sont pointés du doigt par tous. "Il faut vraiment se battre contre tous les risques de pollution que présente ce centre de broyage tant pour la ville de La Rochelle que pour l'île de Ré", relève Patrice Raffarin, le maire de Rivedoux, commune située juste en face de La Pallice, et donc concernée au premier chef. "Il ne faut pas oublier, complète le maire de La Flotte, Léon Gendre, qu'il y a incompatibilité entre les silos à blé, présents sur le site, et le ciment. Or, le risque représenté par cette "cohabitation" n'a pas du tout été étudié.
Et le docteur Frédéric Jacq, demeurant à Rivedoux, de rappeler que l'industrie du ciment est une des industries les plus polluantes. "Si des analyses en lien avec la pollution ont été abordées par l'industriel dans son dossier de demande d'autorisation d'exploiter, il n'est pas possible, cependant, d'évaluer les conséquences. Or, il faut vraiment être vigilant sur ce projet en raison de la localisation de l'Anse Saint-Marc. En effet, celle-ci se trouve en limite du parc marin concerné par la biodiversité, l'ostréiculture, la pêche, et les habitations de La Pallice et de l'île de Ré. Aussi, le fait que le permis de construire ait été signé constitue-t-il une véritable erreur", conclut-il.
Cette erreur, plusieurs recours, déposés au tribunal administratif, vont essayer de la démontrer. Pour l'heure, une fois la manifestation terminée, un nouveau rendez-vous a été pris, le 17 février prochain, à 20h, pour une réunion publique, à La Rochelle, salle de L'Oratoire. Une autre suivra sur l'île de Ré, mais la date n'est pas encore fixée. Plusieurs réponses seront apportées.
Recours contre Holcim
Ira, ira pas ? Après quelques valses hésitations, les élus de la Communauté de communes de l'île de Ré (CdC), réunis en conseil le 27 janvier dernier, ont décidé de déposer un recours au tribunal administratif contre le projet d'unité de broyage de ciment du groupe Holcim au port de commerce de La Pallice. L'unanimité s'est faite sur cette délibération, excepté la voix de la socialiste Anne Deniel, absente lors du vote.
De l'amertume, il y en avait dans les propos du président de la CdC, Lionel Quillet, faute de cohérence et de concertation entre la CdC et la CdA (Communauté d'agglomération de La Rochelle). Amertume aussi, car les décisions engagées par le territoire rétais s'inscrivent dans une forte logique environnementale, alors que celles de la CdA semblent "s'inscrire dans un avenir industriel. Peut-être qu'au deuxième, troisième ou quatrième projet Holcim, nous serons consultés. Mais, pour l'heure, force est de constater, que l'on nous a pris par-dessus la jambe", invectivait le président.
Toutefois, il est impossible d'attaquer le permis de construire, car toute procédure serait hors délai. Reste le permis d'exploitation signé par le préfet, le 6 décembre dernier. Deux cabinets d'avocats (celui de Corinne Lepage et celui du Rochelais, Me François Drageon), sont à la recherche de ce qui pourrait être attaqué dans l'arrêté. Il faudra faire vite, car le délai légal va bientôt expirer.
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