L’Algérie accumule un déficit en matière d’offre de ciment de l’ordre de presque de 3 millions de tonnes par an.
Ce déficit en ciment retarde les projets des secteurs du bâtiment et des travaux publics (BTPH), obligeant les entrepreneurs à s’approvisionner au marché noir à des prix souvent exorbitants. La production nationale des cimenteries publiques GICA est de l’ordre de 11,5 millions de tonnes par an et celle des deux cimenteries de Lafarge est 7,5 millions de tonnes. L’offre est donc de 18 millions de tonnes, tandis que la demande dépasse les 21 millions de tonnes. Lors de l’inauguration de la 16e édition du Batimatec samedi dernier, le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, s’est montré rassurant quant à la résorption à terme de ce déficit. Selon lui, le marché algérien devrait parvenir à l’autosuffisance à l’horizon 2015 dans la mesure où un vaste programme de modernisation et de développement des cimenteries publiques mais aussi privées a été déjà impulsé et marqué par le lancement de plusieurs partenariats public-privé. Mais entre-temps, le ministre plaide pour une importation ultra-rapide, seul moyen pour juguler la crise du ciment. “Il faut casser la spéculation par la quantité”, insiste-t-il. Il convient de rappeler que la facture des importations algériennes de ciment a presque doublé durant le 1er trimestre 2013 par rapport à la même période en 2012, passant de 36,13 millions de dollars à 68,05 millions de dollars, en hausse de 88,3%, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes. En plaidant pour une importation ultra-rapide, le ministre espère se donner à la fois l’opportunité de mener à bien son programme sans accros et le temps de mettre en branle l’ambitieux programme de production de 20 millions de tonnes à l’horizon 2016 et 29 millions de tonnes d’ici à 2018. Ce programme consiste notamment à la réalisation de six nouvelles cimenteries dont cinq publiques et l’extension des capacités de production d’autres cimenteries dont celles publiques, dans le but de limiter justement la hausse constante des importations de ciment. Cette option ne semble pas satisfaire Abdelmadjid Dennouni, président de la Confédération nationale du patronat (CNPA) secteur du BTPH. M. Dennouni qui intervenait, dimanche, lors d’une conférence au Salon Batimatec, estime que ces projets de création de nouvelles cimenteries seront livrés à l’horizon 2015 ou 2016 pour une production de 23 millions de tonnes par an ce qui crée un surplus dans la production. Il appelle à “revoir la stratégie adoptée” consistant à lancer de nouvelles unités de production par les deux producteurs, en ce sens qu’ils peuvent créer un excédent difficile à absorber, y compris par l’exportation. De l’avis de Dennouni, “il serait plus judicieux de réhabiliter les cimenteries qui doivent augmenter sa capacité de production au lieu de dépenser des sommes faramineuses. Trois cimenteries sont en cours de réhabilitation qui vont coûter à l’Etat quelque 700 millions de dollars. L’augmentation portera l’offre totale à 21 700 millions de tonnes ce qui est égale à la demande. Pourquoi donc créer de nouvelles cimenteries ? Le président du CNPA met en garde contre “le syndrome des minoteries” qui a connu une saturation, il y a quelques années, se demandant si on aura encore “des plans de charges et de nouveaux projets une fois achevée la réalisation du programme présidentiel”. Pour remédier à la rareté du ciment sur le marché algérien, ce qui pénalise en premier lieu les particuliers et les PME, M. Dennouni suggère d’obliger les entreprises de grande taille, en charge des projets structurants, à s’approvisionner sur le marché international pour leur consommation en ciment. Leurs besoins sont évalués par M. Dennouni à deux millions de tonnes annuellement. “Nous aurons ainsi une marge de près de deux millions de tonnes, qui permettra aux PME algériennes de s’approvisionner correctement”, afin de mener à bon port les projets de bâtiment.
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