Interview : avec Mohamed Chaibi, président-directeur général du groupe Ciments du Maroc
Depuis votre confirmation (lors de la présentation des résultats 2009) de l'existence de pourparlers concernant les négociations engagées entre Ciment de l'Atlas et Ciment du Maroc, les rumeurs les plus fantaisistes (allant jusqu'à prétendre qu'une convention entre les deux parties a d'ores et déjà été signée) vont bon train. Que répondez-vous à cela pour clarifier cette situation et surtout pour mettre définitivement un terme à ces spéculations ?
MOHAMED CHAIBI : Lors de la présentation en mars 2010 des résultats 2009 j'avais déjà démenti les allégations d'un de vos confrère concernant les négociations de rapprochement entre Ciments de l'Atlas et Ciments du Maroc qui étaient selon lui très avancées. Allant jusqu'à donner un schéma précis par échange d'actions. Aujourd'hui le même journal revient à la charge en disant qu'un protocole d'entente a été signé. Je m'inscris en faux et dément catégoriquement l'idée de signature de quoi que ce soit ou d'aboutissement de quoi que ce soit entre Ciments du Maroc et Ciments de l'Atlas. Si comme je l'avais déjà dit à l'époque il ya des études qui étaient en cours chacun de son coté sur différents scénarios dont le rapprochement des deux sociétés cela ne veut pas dire automatiquement qu'il va y avoir une conclusion d'accord entre les deux sociétés et encore moins la signature d'un protocole.
Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à la réflexion sur un éventuel rapprochement avec la cimenterie d'Anass Sefrioui sachant qu'elle est très récente sur le marché ?
J'avais déjà dit à la suite de notre conseil du mois de février dans notre communiqué que nous pensions au développement de capacité au nord de Marrakech, soit en construisant une nouvelle usine nous même, soit un redéploiement de nos outils industriels qui vont être disponibles suite à la mise en service de notre grosse cimenterie de Ait Baha d'une capacité de deux millions de tonnes et de trois milliards et demi d'investissement. Soit pourquoi pas rechercher des partenariats et toujours dans l'objectif de développer notre marché au Nord de Marrakech, c'est cette troisième option qui nous a amené à étudier des scénarios avec les Ciments de l‘Atlas, étudier unilatéralement ne veut pas forcément dire négocier.
On a le sentiment que le secteur cimentier est en pleine transition dans notre pays au vu des récentes «violations» du pacte d'implantation régionale qui les a liés depuis toujours au Royaume. Quel avenir prédiriez-vous à ce secteur en termes de consommation, de production et de prix ?
Pour la première partie de la question je suis surpris par les termes choisi car à ma connaissance et cela fait trente deux ans que je suis dans le métier jamais il n'a été interdit à qui que ce soit de s'implanter dans quelque région que ce soit. La preuve la plus récente est que Holcim a développé une grosse usine à, Settat traditionnellement secteur de Lafarge. Nous mêmes Ciments du Maroc en 1990 nous avons développé une cimenterie à Safi entre Asmar à l'époque et Lafarge, parler de violation de pacte me parait un non sens.
Pour la deuxième partie de la question, la consommation sur le moyen et long terme est amenée à croître, nous sommes encore à un ratio de 450 k par habitant et par an au moment ou la moyenne en Méditerranée est de l'ordre de 600 k par habitant et par an. La production devra suivre déjà dans l'immédiat nous sommes à plus de dix huit millions de tonnes de capacité de production en incluant les Ciments de l'Atlas au moment où la consommation n'a pas atteint quinze millions par an.
Quant aux prix aucune prévision sur le moyen terme ne peut être faite puisqu'ils dépendent du jeu des acteurs des circuits de distributions et à la fin du rapport offre et demande qui pour les deux, trois prochaines années est en faveur de la demande.
Comme chacun le sait, la matrice des prix du ciment contient la composante (et pas des moindres) circuit de distribution. En d'autres termes, les grossistes font varier (alors que la majorité d'entre eux ne sont pas aptes à le faire) de leur propre gré les prix des sacs de ciment.
Avez-vous pensé avec l'aide des organismes étatiques concernés à réglementer la distribution ?
Nous sommes dans un système de libre concurrence et je ne pense pas que l'Etat nous suivrait sur la voie de la
réglementation de la distribution. On peut cependant compter sur la modernisation de ces circuits qui doit être encouragée à la fois par l'Etat et les opérateurs eux-mêmes.
La maitrise des circuits de distributions par les professionnels et par les cimentiers est une nécessité pour l'avenir du secteur.
Plusieurs personnes pensent à tort que la seule variable qui tire le prix du ciment vers le haut est le prix du coke de pétrole. Or, il se trouve que l'un des principaux déclencheurs de cette hausse est l'augmentation du coût électrique, avez-vous pensé à substituer à cette énergie d'autres, alternatives et renouvelables comme celle produite par les éoliennes par exemple et ce afin de diminuer la facture électrique et par là même le prix du produit final ?
Vous avez raison la composante principal du prix de revient (cout variable) est le cout de l'électricité nous avons effectivement commencé dans notre secteur à substituer une partie de l'électricité de réseau par la production de l'électricité éolienne Lafarge a commencé et Ciments du Maroc va suivre, notre parc éolien sera opérationnel en 2011 à Layounne. Ciments du Maroc a également investi dans sa nouvelle usine d'Ait Baha dans la cogénération qui consiste à capter la chaleur des gaz rejetés auparavant dans l'atmosphère pour la transformer en électricité. Mais les énergies renouvelables ne dispensent pas intégralement les cimentiers de l'utilisation de l'électricité classique car le vent comme le soleil ne souffle pas et ne brille pas en permanence mais les usines, elles, tournent vingt quatre heures sur vingt quatre.
Le secteur cimentier est le secteur le plus taxé dans le Royaume. Les taxes représentent jusqu'à 40 % du prix TTC. D'après vous qu'elles sont les raisons de cette taxation ?
Je pense qu'une des caractéristiques de notre secteur est la transparence est de ce fait c'est un excellent collecteur d'impôts.
Enfin, outre votre poste de président au sein de Ciments du Maroc, vous êtes membre du comité de soutien permanent de la Fondation Mohammed V pour la solidarité, membre du conseil d'administration de la fondation
Mohammed VI pour la protection de l'environnement, président de l'Observatoire de la palmeraie de Marrakech, président de l'APC
(Association Des Professionnels du ciment) et enfin vice président délégué de l'ATH (Association pour le trophée Hassan II de golf) et membre de l'association.
Quand est-ce que vous vous reposez?
Sur les parcours de golf quand cela est possible……surtout chez moi en famille.
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